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Intervention sur cargaisons en vrac déversées



Techniques de lutte lorsque la cargaison s'est déversée

Rabattement des vapeurs émises par les produits évaporants

En zone portuaire, deux techniques peuvent être utilisées pour limiter l'évaporation du produit et le déplacement des vapeurs. Dans la première, les vapeurs sont rabattues à l'aide de rideaux d'eau pulvérisée, ce qui permet de diluer le nuage toxique, de diminuer la concentration en gaz et de réduire l'étendue de la zone dangereuse. Cela est efficace sur les produits hydrophiles*. Dans la seconde, un tapis de mousse est répandu sur le polluant afin de réduire son taux d'évaporation.

Exemple de mise en oeuvre de rideaux d'eau en série
mise en oeuvre de rideaux d'eau en série

En 1976 dans le port de Landskrona (Suède), un tuyau se rompt lors du déchargement de la cargaison d'ammoniac* anhydre du gazier René 16. Un vaste nuage enveloppe alors le navire et se déplace vers un chantier naval. L'équipe d'intervention utilise de l'eau pulvérisée pour rabattre et dissoudre une partie du nuage gazeux et protéger l'intervenant chargé de fermer la vanne en amont du point de fuite.


Confinement et filtration des produits solubles dans l'eau

Lorsqu'un produit soluble est déversé en zone portuaire, il est parfois possible de confiner la pollution en fermant les portes d'une forme de forme de radoub* ou les écluses*. Le polluant peut alors être traité à l'aide d'unités mobiles montées sur des camions. Celles-ci sont constituées de pompes à haut débit qui envoient l'eau polluée à travers des cartouches de filtration de grande capacité qui retiennent le polluant.

Unité mobile de filtration de produits liquides
Unité mobile de filtration de produits liquides
En savoir plus

Quelques éléments sur l'utilisation du charbon actif* dans le processus de filtration des eaux polluées :
www.lenntech.fr/adsorption.htm


Récupération des produits coulants

En zone littorale ou portuaire, les produits coulants peuvent être récupérés sur le fond par dragage. Cette technique d'excavation* mécanique des boues et sédiments est réalisée grâce à des navires ou des barges* équipés d'une drague* pouvant comporter de simples godets ou bien des pompes. Les déchets collectés sont alors chargés à bord avant d'être traités dans des centres spécialisés à terre.

Draguage sur le Canal de Panama
Draguage sur le Canal de Panama

En 1973, alors que l'Amalie Essberger décharge du phénol fondu dans une citerne du port de Göteborg (Suède), celle-ci se rompt et 400 tonnes de phénol se déversent sur le quai et dans l'eau. Des analyses révèlent la présence d'importants amas de polluant solidifié sur le fond. Ces derniers sont remontés à la surface à l'aide d'une drague*.


Confinement, récupération et dispersion des produits flottants

Les moyens de lutte utilisés pour les produits flottants persistants (huiles végétales et produits chimiques visqueux) sont issus de ceux existant pour les hydrocarbures* mais ils sont de préférence fabriqués avec des matériaux résistants aux substances chimiques concernées.

Confinement et récupération : lorsque les produits flottants forment une nappe suffisamment épaisse et continue, celle-ci peut être confinée grâce au déploiement de barrages flottants puis récupérée à l'aide d'écrémeurs* si les conditions météo-océaniques le permettent.

Confinement d'une huile de palme avec un barrage
Confinement d'une huile de palme avec un barrage et récupération à l'aide d'un écrémeur

Dispersion : les dispersants sont des produits qui accélèrent la dispersion naturelle des polluants dans la colonne d’eau en profitant de l’énergie due à l’agitation des vagues. Ils facilitent la dissociation des nappes en une multitude de micro-gouttelettes réparties dans l’ensemble de la colonne d’eau, ce qui accélère leur dégradation et leur bioassimilation dans le milieu marin. étant donné le mode d’action des dispersants, leur usage est réglementé. Il est, par exemple, à proscrire dans les zones où les possibilités de dilution sont faibles.

Chalutage : si le polluant est pâteux, sa récupération en pleine mer peut se faire avec des chaluts* ou des filets remorqués par un ou deux bateaux.

En 1997, l’Allegra perd 900 tonnes d’huile de palmiste suite à une collision avec un vraquier en Manche. L’huile se solidifie rapidement pour former une nappe en surface. Une partie est chalutée en pleine mer.


Absorbants
: ces produits peuvent être utilisés en zone littorale ou portuaire sur des pollutions de faible ampleur. Ce sont des matières solides qui permettent de fixer les produits flottants par imprégnation* en vue de faciliter leur récupération ultérieure.

Feuilles d’absorbants
Feuilles d’absorbants

Nettoyage à terre : en cas d’arrivage massif d’agglomérats d’huile sur des sites d’accès difficile (enrochements*, plages de galets), le ramassage manuel s’impose. Si les zones touchées sont des plages de sable, des engins spécifiques comme les cribleuses* peuvent être utilisés.

Lorsque l’huile qui souille le littoral est liquide, la zone peut être nettoyée à marée basse avec des jets d’eau froide basse pression. Après décantation des effluents*, l’huile doit être pompée.

Exemple de lutte en eau intérieure

La lutte contre les pollutions chimiques se pratique aussi en eau intérieure*. En 2008, un camion transportant 33,6 tonnes de phénol concentré fait une sortie de route et répand une partie de sa cargaison dans la rivière Zhesang (Chine du sud). Le polluant arrive rapidement à un barrage fluvial situé 15 km en amont d’une prise d’eau alimentant 200 000 personnes en eau potable.

Les autorités locales interdisent, à plus de 1 000 foyers de la ville de Yangyu, la consommation de leur eau, potentiellement polluée. Les équipes d’intervention construisent des barrages de fortune pour confiner la pollution et épandent de la chaux et du charbon actif* afin de capter un maximum de polluant.



Mise à jour : 18/02/2016