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Intervention sur les conteneurs et colis



Suivi de la pollution

Les cargaisons conteneurisées, qu’elles soient encore dans le navire ou perdues en mer, nécessitent un transfert d’informations efficace et une coordination sans faille entre les autorités à terre et les moyens dépêchés sur place.

Modélisation et repérage

Si des conteneurs* et colis sont perdus en mer, des opérations de repérage sont mises en place afin de les localiser car ils sont susceptibles de représenter un danger pour la navigation maritime et l’environnement voire pour les populations riveraines s’ils arrivent à la côte. Ils peuvent flotter en surface, être submergés ou bien couler.

Dans un premier temps, les outils informatiques permettent de modéliser la dérive des conteneurs et colis afin de déterminer la zone où leur présence est la plus probable. Parallèlement, le repérage des objets à la surface de l’eau est réalisé visuellement ou à l’aide d’un radar à visée latérale embarqué à bord d’aéronefs ou de navires. Les contenants qui ont coulé et qui se trouvent sur le fond peuvent être détectés grâce à des bateaux équipés de sonars*, de magnétomètres* ou bien de ROV* pourvus de caméras sous-marines.

Mise à l’eau d’un SPIV
Mise à l’eau d’un SPIV (Sonar Propulsé à Immersion Variable)

Marquage

Une fois localisés, les contenants sont marqués pour être plus faciles à suivre si les opérations de récupération ne peuvent être réalisées immédiatement. En surface, les objets sont marqués avec un système composé d’un aimant, d’un flotteur et d’une balise géopositionnée par satellite. Sur le fond, les contenants sont repérés grâce à un émetteur acoustique à ultrasons appelé « pinger ».

Techniques de lutte lorsque la cargaison est encore dans le navire

Les conteneurs et colis qui se trouvent à bord d’un navire échoué peuvent être transbordés à condition qu’ils représentent un risque maîtrisé pour les équipes d’intervention. Ce type d’opération permet de limiter les risques d’intervention ultérieurs et d’alléger le navire afin de le dégager de la zone de l’accident (renflouement ou découpage de l’épave puis remorquage).

En 2007, le porte-conteneurs MSC Napoli, pris dans une tempête en Manche, est victime d’une voie d’eau puis d’une panne de gouvernail. Après avoir perdu des conteneurs en mer, le navire est remorqué puis échoué près des côtes anglaises. Tous les conteneurs encore à bord (plus de 2 000) sont alors enlevés grâce à deux barges équipées de grues géantes pouvant lever jusqu’à 500 tonnes.


Enlèvement des conteneurs du MSC Napoli
Enlèvement des conteneurs du MSC Napoli (2007, Manche)

Techniques de lutte lorsque la cargaison s’est déversée

Récupération en surface

Une fois le risque évalué et maîtrisé, les conteneurs et colis tombés à l’eau et flottants peuvent être saisis au moyen de câbles appelés élingues et remorqués vers un lieu où ils pourront être manipulés en toute sécurité.

Les conteneurs non dangereux peuvent être treuillés et hissés à l’arrière d’un navire. Ce type d’opération nécessite un navire de servitude ainsi que l’intervention de plongeurs pour passer les câbles au niveau des angles du conteneur.

En 2002, le porte-conteneurs Lykes Liberator perd au large du Finistère (France) trois citernes de produits chimiques. Pour les localiser, des survols en avion sont réalisés et des modélisations de dérive sont lancées parallèlement. Une fois retrouvées, les citernes sont remorquées jusqu’au port de Brest.


Élinguage d’un conteneur flottant en surface
Élinguage d’un conteneur flottant en surface

Récupération sur le fond

La récupération de contenants reposant sur le fond peut se faire grâce à l’intervention de plongeurs protégés par des équipements adéquats ou en utilisant des ROV.

Récupération d’un fût par des plongeurs
Récupération d’un fût par des plongeurs

Abandon sur le fond

Dans le cas où le risque de pollution n’est pas avéré, il peut être décidé d’abandonner une cargaison conteneurisée sur le fond, si elle n’est pas, par ailleurs, une gêne aux activités de pêche.

En 1989, le porte-conteneurs Perintis coule en Manche avec sa cargaison constituée, entre autres, de 8 tonnes de pesticides en fûts*. Durant les 6 semaines qui suivent l’accident, la plupart des fûts sont localisés sur le fond. Il est décidé de les laisser sur place. En effet, ces pesticides présentant une faible solubilité avec l’eau de mer, il est estimé qu’en cas de fuite la zone contaminée serait limitée.


Destruction

Au lieu d’être récupérés, les contenants peuvent être détruits de façon contrôlée à l’aide d’explosifs.

En 1979, le cargo* Sindbad, Pays-Bas, perd en mer du Nord 51 bonbonnes contenant chacune une tonne de chlore. Des opérations de récupération sur le fond sont lancées mais seulement une petite partie de la cargaison est remontée à la surface. Cinq ans plus tard, une autre stratégie est adoptée car les fûts sont trop corrodés par l’eau de mer pour être manipulés. Ils sont repérés sur le fond à l’aide de sonars et de ROV, puis des explosifs sont placés sur chacun d’eux par des plongeurs. La cargaison est ensuite détruite de manière contrôlée. En surface la navigation est interdite le temps que le gaz se disperse.


Récupération sur le littoral

S’ils ne coulent pas ou s’ils ne sont pas localisés et récupérés, les conteneurs et colis flottants peuvent arriver sur le littoral. Si la cargaison est dangereuse, la zone concernée doit alors être balisée et fermée au public. Une évacuation du voisinage peut même être envisagée si le risque est trop élevé. Les équipes d’intervention peuvent alors procéder, sur place, à la neutralisation du risque que présente le produit ou transporter le contenant vers une zone sécurisée.

Dans la nuit du 1er au 2 janvier 2019, en pleine tempête, le MSC Zoe, l’un des plus grands porte-conteneurs au monde, a perdu, dans les eaux allemandes en mer du Nord, environ 345 conteneurs dont 2 contiennent des substances potentiellement dangereuses. Il s’agit de 280 sacs de 25 kg de peroxyde organique en poudre et de 1 400 kg de batteries lithium-ion. Un avis a été émis aux navires croisant dans la zone concernée du fait des risques de collision avec les conteneurs. Le contenu de certains conteneurs s’est échoué sur les plages des îles Wadden : pièces automobiles, jouets, écrans plats, ampoules, meubles et du polyéthylène haute densité utilisé notamment pour la fabrication d’emballages plastique sous forme de granulés. Plusieurs sacs de peroxyde ont été retrouvés au nord sur le littoral néerlandais, ce qui signifie que le conteneur s’est ouvert. Le nettoyage des plages a commencé très rapidement, il a été effectué par des professionnels. Le 9, le transporteur maritime MSC a indiqué que 1 200 tonnes de débris avaient été collectés. Un avion de la garde côtière a effectué des vols quotidiens au-dessus des îles Wadden afin de surveiller la situation et tenter de localiser les conteneurs. Des navires équipés de sonars ont recherché, dès le 6, les conteneurs tombés à l’eau et, dès la mi-janvier, aidés par d’autres navires, les ont repêchés. Certains des conteneurs sont éventrés et leur contenu a coulé.

En savoir plus

Guide opérationnel « Conteneurs et colis perdus en mer ».

 


Mise à jour : 26/02/2019